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ARTICLE DE ANDRÉ COSTA AUTO JOURNAL DE JUIN 1979


C'est sans nul doute du Japon que nous sont venues les voitures dites « de sport» les plus approximatives et surprenantes à conduire dont on peut dire rêver. Certes, Jaguar et Austin-Heaiey nous habituèrent en leur temps aux directions imprécises ainsi qu'aux trains avant ondulants mais, il faut quand même le souligner, cela se passait voici vingt-cinq ans et non en cette fin des années 70...

Avec ces références en mémoire, il n'était pas surprenant que j'envisage un essai de la Mazda RX7 avec une certaine réserve, tempérée cependant par le souvenir de quelques tours de piste accomplis voici quelques mois au Japon dans des conditions de conduite à priori normales. Pourtant, le circuit est une chose et la route ouverte une autre, surtout en France où, si notre réseau routier continue à être l'un des plus denses et des plus pittoresques du monde, sa dégradation progressive devient très exigeante à l'égard des suspensions.

Mais, en tout premier lieu, rappelons brièvement ce qu'est la R X 7. Il s'agit d'un coupé sportif dont la silhouette aérodynamique est agréable à contempler. Le coeur de l'engin est un birotor rotatif, Mazda paraissant fermement décidé à s'affirmer comme le champion du moteur Wankel. La puissance annoncée est de 100 ch SAE à 6 000 tr/mn, ce qui n'est pas considérable par rapport à la masse de la carrosserie et le moteur alimenté par un carburateur quadruple corps fonctionne normalement à l'essence ordinaire, en dépit d'un rapport volumétrique de 9.

Côté suspension, Mazda n'a pas cédé aux charmes du pont suspendu. Les roues arrière motrices sont contrôlées par des ressorts hélicoïdaux combinés à une barre stabilisatrice et l'avant est équipé de façon similaire, parallélogramme de Watt en moins...

Les freins sont à disque - ventilés - à l'avant et à tambour - ailetés - à l'arrière tandis que la direction est à re-circulation à billes, technique fort peu usitée en Europe.

En guise de bilan après une centaine de kilomètres parcourus à très vive allure sur les petites routes sinueuses de la Côte d'Or, je dirai simplement que le constat au point de vue qualités routières est très nettement positif. Bien sûr, la RX7 ne se conduit pas à la manière d'une traction avant mais je pense que tout conducteur quelque peu expérimenté appréciera comme il convient ses réactions. Il est agréable de s'évader pour un temps des lourdeurs de train avant des tractions de quelque importance, en dépit d'une direction dont l'agrément serait encore supérieur si sa démultiplication était plus faible.

Bien qu'elle soit indéniablement ferme, la suspension n'est pas désagréable et, surtout, le comportement de la voiture est parfaitement sain, l'arrière dérivant sans discuter et en toute progressivité sitôt qu'il est sollicité de la bonne manière. Au demeurant, la maniabilité de la boîte de vitesses - ferme elle aussi - et la bonne position de conduite participent à l'agrément ainsi qu'à la sûreté de conduite, les sièges de la version « exportation » étant présentés de manière beaucoup plus séduisante que sur le modèle japonais.

Malheureusement, il y a le revers de la médaille. Le moteur rotatif est indiscutablement silencieux, doux et sa souplesse est fort convenable. En revanche, il n'apporte rien de particulier au point de vue puissance et performances sinon sa compacité - et son appétit, hélas, demeure alarmant, en dépit des assurances qui nous avaient été fournies.

Notre parcours routier ayant été accompli en compagnie d'un coupé Lancia Beta 2 litres considéré en l'occurrence comme étalon, les consommations des deux voitures ont pu être comparées avec une certaine précision, les conducteurs ayant changé de véhicule à mi-circuit. Dans les mêmes conditions - c'est-à-dire celles d'un essai accompli autour de 100 de moyenne par deux voitures tenant par terre et freinant bien - la Lancia a consommé 17,1 litres aux 100 km et la RX 22,7 litres, soit 5,6 litres de plus aux 100 km pour la voiture japonaise.

Il est certain que, dans les deux cas, il s'agit de valeurs extrêmes mais, quoi qu'il en soit, la différence est là ! Il n'est pas inutile de préciser à cet égard que la cinquième peu endurante de la Mazda n'a sans doute pas exercé en ce domaine une influence bénéfique. Mais, quoi qu'il en soit, parmi tous les péchés dont une voiture peut être chargée, c'est sans nul doute celui de la gourmandise qui apparaît actuellement le moins acceptable. Dommage, surtout pour une voiture qui ne sera pas vendue tellement cher : 65 000 F clés en main,